Le camembert volant by Arrou-Vignod Jean-Philippe

Le camembert volant by Arrou-Vignod Jean-Philippe

Auteur:Arrou-Vignod, Jean-Philippe
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: France Loisirs
Publié: 2002-12-31T23:00:00+00:00


C’est comme ça qu’on a passé notre première journée de vacances à la campagne consignés dans notre chambre.

En fait, ça a été une super journée.

On avait trouvé des vieux albums de Tintin qui sentaient l’humidité. Allongés sur les gros édredons, on les a tous relus les uns après les autres, même Jean-E. qui ne sait pas lire et qui regardait juste les images. On avait beau les connaître par cœur, ça n’était pas pareil que d’habitude : autour de nous, il y avait la grande maison fraîche, les craquements du parquet, le parfum d’herbe coupée qui entrait par la fenêtre…

C’était magique.

Quand on est allés dîner, on avait tous les joues cramoisies et les cheveux qui se tenaient tout droits sur la tête tellement on s’était abrutis de lecture.

– Regardez-moi ces belles mines ! a triomphé mamie Jeannette en se tournant vers papa. Quand je vous disais que rien ne vaut le bon air de la campagne.

– Je vous prierai…, a commencé papa en cherchant une réplique cinglante.

– Pardon ? a dit mamie Jeannette.

– De… euh… me passer le sel, il a dit avec un sourire jaune.

Après le dîner, pour finir cette bonne journée, on a fait une partie de crapette avec papy Jean.

Pendant ce temps, au salon, papa buvait un petit verre de liqueur avec maman et mamie Jeannette qui parlaient tout le temps en regardant des photos. À cause du bricolage, il avait des pansements plein les doigts et sa mine des mauvais jours. Le bon air de la campagne ne semblait pas lui réussir parce qu’à un moment, sa tête est tombée toute seule, et il s’est endormi dans son fauteuil sans que maman et mamie Jeannette s’arrêtent de parler.

Jean-F. était couché dans la chambre du fond, tellement loin qu’on n’aurait pas pu l’entendre s’il s’était mis à hurler. On a fait une première partie de crapette que j’ai gagnée, puis Jean-A. a triché et il a fallu redistribuer les cartes. Mais comme c’était au tour de Jean-E., il n’arrivait pas à les tenir toutes dans ses petites mains, alors Jean-D. lui a mis un coup de pied sous la table et ça a failli dégénérer.

– Au lit, maintenant, a dit papy Jean. Il est déjà très tard.

– On commençait juste à s’amuser ! a râlé Jean-A.

– Oui mais demain, a murmuré papy Jean, il faudra que tout le monde soit en forme. Pas question d’en voir un seul somnoler !

– Pourquoi ? Qu’est-ce qu’on va faire ? a demandé Jean-E.

– Demain, les garçons, a dit papy Jean en lui ébouriffant les cheveux, pendant que votre papa bricole tranquillement, je vous emmène tous à la pêche. Mais seulement si vous êtes sages…

– Hourra ! on a crié tous en chœur, ce qui a réveillé papa en sursaut.

– Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ?

– Rien rien, a dit papy. Puis, se tournant vers nous : Allez, tout le monde en pyjama… Et défense de faire les singes sur les matelas cette fois.

– D’accord, on a promis en défilant tous pour l’embrasser.



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